La fracture de fatigue du pied

La fracture de fatigue, encore appelée fracture de stress ou maladie de Pauzat est une maladie d’adaptation de l’os à l’effort, résultant d’une contrainte mécanique excessive, inhabituelle répétée sur un os sain.

Epidémiologie

La fracture de fatigue atteint les jeunes adultes sportifs.
La fréquence des fractures de fatigue dépend directement de la masse osseuse ; or, on sait que les femmes ont une masse osseuse plus petite que les hommes. C’est pourquoi, les femmes sont dix à douze fois plus atteintes que les hommes Ainsi, pour le même exercice, en période de surentraînement, 10% des femmes contre 1% des hommes présentent des lésions de contrainte.

Mécanisme d’apparition

Deux théories principales sont avancées pour expliquer la survenue d’une fracture de fatigue.

  • La première est purement mécanique. En métallurgie, la fatigue désigne la détérioration d’un métal soumis à des contraintes répétées supérieures à la limite d’endurance mais inférieures à la limite d’élasticité. Par analogie, des contraintes exercées isolément sur l’os sont insuffisantes à provoquer une fracture ; par contre, elles sont capables, si elles se répètent, d’entraîner des lésions fissuraires.
    Chez le sportif, deux contraintes mécaniques s’exercent sur l’os : le poids du corps et l’action des muscles. Les contractions musculaires répétées sollicitent également l’os et potentialisent l’action du poids du corps sur les os porteurs.
    Le siège des fractures dépendra du type d’activité sportive exercée et il existe donc une relation directe entre l’activité en cause et la topographie des fractures.
  • La deuxième théorie est métabolique : elle rend mieux compte des deux stades de l’affection : douleurs osseuses d’effort puis fracture de fatigue.
    Il se produit une fragilisation locale de l’os, liée à un problème d’adaptation à l’effort du segment osseux sollicité. Il est à noter que l’os n’est pas un matériau inerte mais un tissu vivant qui subit, en cas d’activité normale, un remodelage constant.
    Une activité inhabituelle, en l’occurrence un surentraînement ou la modification d’un entraînement va rompre ce remodelage ; il en résulte une fragilisation locale de l’os. C’est le premier stade de l’affection ou stade pré-fracturaire ; il aura une traduction clinique (douleur), scintigraphique (hyperfixation) et IRM (œdème médullaire) mais n’aura en général pas de traduction radiologique.

Les causes et facteurs favorisants

  • la reprise récente de l’entraînement
  • l’augmentation soudaine de la charge d’entraînement
  • l’augmentation du rythme des compétitions
  • une carence nutritionnelle chez le sportif
  • une surcharge pondérale
  • sexe ; en effet, des travaux récents ont montré qu’avec le même type d’entraînement physique, les fractures de fatigue surviennent plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes.
  • pieds creux avec verticalisation des rayons métatarsiens par rapport au sol qui augmentent l’angle méta-sol et par conséquent le risque de développer une fracture de stress des têtes métatarsiennes.
  • Insuffisance du premier rayon avec transfert des contraintes vers le deuxième rayon.

Localisation

Les fractures de stress peuvent toucher différents niveaux des membres inférieurs :

  • Métatarse : Il s’agit surtout du deuxième et du troisième, atteints au niveau de leur diaphyse ou de leur col (tiers distal). Le trait est très fin, mais le cal osseux est souvent bien développé, permettant un diagnostic rétrospectif. Les facteurs favorisants sont classiquement le pied creux et la brièveté du premier rayon.
  • Sésamoïdes
  • Naviculaire tarsien : apanage des sportifs pratiquant des sports de haut niveau.
  • Calcanéum : Il est atteint notamment au niveau de sa grosse tubérosité. Le sustentaculum tali est également une localisation classique.
  • Talus : Il s’agit classiquement d’une fracture d’un tubercule postéro-externe hypertrophique.

L'examen clinique

L’examen palpatoire est l’examen de choix pour cette pathologie. Il révèle une douleur sur le siège de la lésion.
Pour les fractures de fatigue des métatarsiens atteignant plus fréquemment le deuxième et le troisième métatarsien, la palpation montre une douleur métatarsienne circonférentielle avec parfois un œdème ou une ecchymose sur la face dorsale du pied.
Pour l’atteinte du calcaneum, l’examen clinique est pauvre. A la palpation, une douleur est perçue lors de la pression transversale bigitidale du calcaneum. Une tuméfaction du talon est parfois visible.
La fracture de fatigue du naviculaire a également peu de signes cliniques spécifiques.

Le traitement

Le traitement est à double volet. Une partie du traitement consiste à prévenir le patient face à cette pathologie, l’autre partie consiste à le traiter par la réalisation de semelles podologiques.
Le traitement préventif est le suivant :

  • Arrêt des activités sollicitant les pieds lors des impulsions et des réceptions.
  • Respecter une décharge complète de la zone sensible pendant six semaines.
  • Reprise progressive de l’entraînement
  • Port de chaussures adaptées le temps de la guérison.
  • Prise d’antalgiques et d’anti-inflammatoires pendant les périodes douloureuses.

Le traitement de la cause propose la réalisation d’une paire de semelles correctrices et amortissantes à porter en dehors et pendant les entraînements. Cette paire de semelles a pour but de faire retravailler le pied correctement et éviter les éventuelles compensations, induites par la fracture de fatigue.